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Ravissement - Sur un tableau du Caravage, Martine Reid (2023) Empty Ravissement - Sur un tableau du Caravage, Martine Reid (2023)

Mar 10 Oct - 19:37
Ravissement - Sur un tableau du Caravage, Martine Reid (2023) 39149810


Cette lecture fut un fort joli voyage à Rome, où la traversée de la ville à pied nous conduit tout droit au palais Doria-Pamphili, qui "abrite l'une des plus belles collections de tableaux anciens du monde", collection privée, dont l'acquisition par la famille Doria-Pamphili provient d'alliances entre grandes familles proches du pouvoir des états pontificaux.
Martine Reid a fait le trajet depuis Paris pour se plonger dans la contemplation d'un seul tableau. Lui seul a su capturer son regard. Non seulement capturer son regard, mais engloutir son corps tout entier.
Je songe au court roman La varangue, lu en fin d'été, sur lequel j'ai posté il y a quelques jours un petit article, où Virginie Bouyx imagine que, à force de s'évader dans le tableau dont la contemplation leur procure un bien-être instantané, deux personnages entrent littéralement dedans. Le tableau s'anime alors, les propulsant dans le décor réel dont le peintre s'est inspiré pour le réaliser.
Je songe aussi au roman sorti pour la rentrée littéraire Au sol de Charlotte Milandri, dans lequel le personnage principal voit sa vie dévastée lorsque son regard se pose sur une toile de Pollock. L'émotion suscitée en rappelle une autre, enfouie, qui soudain happée à la surface, fait comme un appel d'air qui ébranle tout l'être et jette littéralement au sol Claire dont la vie bascule.

Pas de ras de marée en revanche chez Martine Reid, mais un doux ravissement devant le tableau qui pour elle est "le plus beau tableau qui ait jamais été peint".
Votre curiosité est piquée au vif.
Dans la salle dédiée aux œuvres du XVIe siècle, juste derrière Martine Reid qui s'est arrêtée devant ledit tableau, vous vous dressez sur la pointe des pieds, tendez la tête pour tout saisir.
“Le repos pendant la fuite en Égypte” du Caravage apparaît soudain droit devant vous.

Martine Reid avance des présuppositions pour expliquer son attirance forte pour ce "Repos", qui apparaissent tangibles sans pour autant être suffisantes. Et au fond, cela n'a aucune importance. "Ce que vous voyez, ce que vous appréciez dans "Le Repos" du Caravage, dépasse l'entendement, comme on le dit de manière un peu obtuse à propos des choses que l'on ne comprend pas."
Y a t-il une explication au mystère de l'attirance, de l'amour, du doux ravissement ?

Le livre s'achève sur une déambulation dans Rome un jour d'octobre, sous une lumière douce de fin d'après-midi, de même intensité que celle qui m'enveloppe.
Vous cherchez dans vos souvenirs le tableau qui pourrait vous happer, à l'instar de celui de “La varangue”, du Pollock de “Au sol”, du “Repos” du Caravage, vous cherchez et vous ne trouvez pas.
Vous l'espérez pourtant ce tableau, celui qui vous ravirait et dans lequel vous pourriez un instant vous réfugier.
En attendant, vous recueillez les aspirations des unes et des autres, vous les faites vôtres, vous les assemblez , pour que toutes ensemble elles racontent une histoire, qui est un peu la vôtre aussi.
CR
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