La justice des hommes, Santiago H. Amigorena (2023)
Jeu 24 Aoû - 13:14
Trouver son centre, notre part d'humanité.
Alice et Aurélien se sont rencontrés, plus, et dans l'insouciance de leur jeunesse, follement aimés. Puis, rapidement, de cette union, sont nés Elsa et Loup. Un couple aimant, attentionné envers ses enfants, que la routine, la négligence, la fatigue, les soucis vont déloger de ce lieu d'amour qui se fracasse dans une extrême violence.
Lorsqu'Aurélien comprend qu'Alice a un amant, et qu'elle décide ce soir-là de le rejoindre envers et contre tout, Aurélien pris de panique, perd ses moyens. Il entraîne les enfants dans une course dans les rues de Paris, cherchant à rattraper sa femme qui a disparu dans la nuit. Incapable de penser, incapable d'avancer avec Elsa et Loup qui pleurent et traînent les pieds, il les dépose sous un pont, leur intimant de ne pas bouger et d'attendre sagement son retour qu'il imagine bref, le temps de retrouver sa femme et de la ramener à la raison (maison).
Après avoir perdu la notion du temps, et la conscience de ce qu'il vient de commettre, son retour vers ses enfants est obscurci par l'éclat des gyrophares des forces de police qui l'embarquent manu militari. Lorsqu’il réalisera le tournant que ces évènements en cascade ont amené, il sera en prison, déchu de son autorité parentale, pour mise en danger de la vie d’autrui.
Ainsi commencent le roman, et l'histoire d'Aurélien, d'Alice, de Loup et d'Elsa, qui, propulsés dans une réalité qui les dépasse, se perdent eux-mêmes et perdent le sens de l'autre, de la famille. Jusqu'à remettre leur destin entre les mains de la justice, la justice des hommes, qui statue sur le bien et le mal, et s'éloigne de la justice intime, la seule à même de dire le juste du cœur. " Il y a, en chacun de nous, un lieu où aucune justice ne peut séparer ce qui est juste de ce qui est injuste. Il y a, enfoui dans notre cœur, un lieu si reculé qu'il ne connaît ni le bien ni le mal. C'est ce lieu que la justice ne peut pas toucher, qu'elle ne doit pas toucher : c'est un lieu qui ne la concerne pas. Il est. Il s'affirme dans son existence. (...) C'est ce lieu-là qu'il faut le plus préserver "
Santiago H. Amigorena excelle dans La justice des hommes à décrire les émotions qui traversent ses personnages, des émotions qui n'ont souvent pas de nom, oscillent entre deux états, et qui, de ce fait, ne peuvent se dire et être communiquées. Chacun des personnages, aussi bien les enfants que les parents, enfermé dans une gangue de silence et de peine, voit sa vie qui vacille dans l’éclatement de la famille.
Amigorena montre avec beaucoup de clarté, comment un événement traumatique peut défaire instantanément la trame d'une vie, qui devra, pas à pas, interroger ce qui la secoue, la malmène avant de pouvoir aligner les mots qui libèrent.
La justice des hommes est un roman d'une grande profondeur, où chaque mouvement de l’âme est décrit avec minutie, de l’obscurité la plus totale à la lente réappropriation de soi-même, par la réconciliation et le pardon, et lorsque le cœur, dans une clarté salvatrice, accepte sa part d’enfance et de spontanéité, faisant dire à Aurélien, que "c'est seulement lorsque je suis enfantin que je suis encore humain", et que la justice, la vraie, enfin s’exprime.
Amigorena, La justice des hommes, Editions POL
Lorsqu'Aurélien comprend qu'Alice a un amant, et qu'elle décide ce soir-là de le rejoindre envers et contre tout, Aurélien pris de panique, perd ses moyens. Il entraîne les enfants dans une course dans les rues de Paris, cherchant à rattraper sa femme qui a disparu dans la nuit. Incapable de penser, incapable d'avancer avec Elsa et Loup qui pleurent et traînent les pieds, il les dépose sous un pont, leur intimant de ne pas bouger et d'attendre sagement son retour qu'il imagine bref, le temps de retrouver sa femme et de la ramener à la raison (maison).
Après avoir perdu la notion du temps, et la conscience de ce qu'il vient de commettre, son retour vers ses enfants est obscurci par l'éclat des gyrophares des forces de police qui l'embarquent manu militari. Lorsqu’il réalisera le tournant que ces évènements en cascade ont amené, il sera en prison, déchu de son autorité parentale, pour mise en danger de la vie d’autrui.
Ainsi commencent le roman, et l'histoire d'Aurélien, d'Alice, de Loup et d'Elsa, qui, propulsés dans une réalité qui les dépasse, se perdent eux-mêmes et perdent le sens de l'autre, de la famille. Jusqu'à remettre leur destin entre les mains de la justice, la justice des hommes, qui statue sur le bien et le mal, et s'éloigne de la justice intime, la seule à même de dire le juste du cœur. " Il y a, en chacun de nous, un lieu où aucune justice ne peut séparer ce qui est juste de ce qui est injuste. Il y a, enfoui dans notre cœur, un lieu si reculé qu'il ne connaît ni le bien ni le mal. C'est ce lieu que la justice ne peut pas toucher, qu'elle ne doit pas toucher : c'est un lieu qui ne la concerne pas. Il est. Il s'affirme dans son existence. (...) C'est ce lieu-là qu'il faut le plus préserver "
Santiago H. Amigorena excelle dans La justice des hommes à décrire les émotions qui traversent ses personnages, des émotions qui n'ont souvent pas de nom, oscillent entre deux états, et qui, de ce fait, ne peuvent se dire et être communiquées. Chacun des personnages, aussi bien les enfants que les parents, enfermé dans une gangue de silence et de peine, voit sa vie qui vacille dans l’éclatement de la famille.
Amigorena montre avec beaucoup de clarté, comment un événement traumatique peut défaire instantanément la trame d'une vie, qui devra, pas à pas, interroger ce qui la secoue, la malmène avant de pouvoir aligner les mots qui libèrent.
La justice des hommes est un roman d'une grande profondeur, où chaque mouvement de l’âme est décrit avec minutie, de l’obscurité la plus totale à la lente réappropriation de soi-même, par la réconciliation et le pardon, et lorsque le cœur, dans une clarté salvatrice, accepte sa part d’enfance et de spontanéité, faisant dire à Aurélien, que "c'est seulement lorsque je suis enfantin que je suis encore humain", et que la justice, la vraie, enfin s’exprime.
Cécile Roussilhe
Amigorena, La justice des hommes, Editions POL
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