Trafic, Galien Sarde (2023)

Trafic est le deuxième roman de Galien Sarde, paru aux jeunes éditions Fables fertiles.
Trafic, d'abord, de la circulation : Vincent se retrouve coincé dans un accident de la route sur la Côte d'Azur, en compagnie de celle qu'il aime, la pourtant fuyante et détachée Manon. Dès les premières pages, le lecteur perçoit qu'il se passe quelque chose de malsain entre ces deux personnes : est-ce que Vincent aime trop cette femme ? Pourquoi y a-t-il une arme dans la boîte à gants ? À cause de cet accident de la circulation, la police rôde. On revient donc quelque temps en arrière, et on apprend que Vincent a quitté son travail pour Manon, rencontrée depuis peu. Il est sous le charme de cette femme, dont le passé l'intrigue. Que savons-nous d'elle, sinon qu'elle a tourné dans un film obscur ?
Obsédé par ce film dont elle ne lui dit rien, il veut mettre la main sur une de ses copies, savoir ce qu'elle a fait, ce qu'elle lui cache, qui est ce producteur qui tournait autour d'elle et quel trafic amoureux elle mène...
La narration de Trafic laisse le lecteur à distance et crée une étrange impression. Ce qui se joue sous ses yeux provoque un malaise, renforcé par l'absence de dialogues qui tient aussi à distance. Les deux amants, d'ailleurs, se parlent si peu... Plutôt que lecteur, on se retrouve spectateur d'un film qu'on a autant de mal à comprendre que Vincent, qui semble pris dans les filets d'une femme difficile à cerner, et qui n'a pourtant rien de la femme fatale. Elle donne l'image d'une fille évaporée et légère... pas attachante du tout. On se demande même pourquoi Vincent en est amoureux.
Il y a enfin un troisième trafic, d'argent cette fois : depuis le tournage, Manon possède une énorme somme qu'elle voudrait placer à Monaco. Elle embarque donc son amant dans cette histoire louche, et l'intrigue devient policière...

Galien Sarde nous transporte entre la France et les États-Unis, entre Paris, la Louisiane et la Côte d'Azur. Il nous plonge dans ce film qui ne révèlera son secret qu'à la toute dernière ligne. Pourquoi le désir brouille-t-il autant la vue ?... C'est une histoire de descente, d'aveuglement, de soleil qui se couche :

"Non loin de Cannes, le soleil aura amorcé sa descente, plombant tout un pan de ciel, assombrissant le large".


À découvrir le 7 avril chez Fables fertiles.