Le Manoir des lettres
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"Récit presque posthume", Le murmure, C. Bobin (2024) Empty "Récit presque posthume", Le murmure, C. Bobin (2024)

Lun 29 Jan - 14:00
"Récit presque posthume", Le murmure, C. Bobin (2024) 12446810


Le murmure, ce pourrait être les dernières paroles écrites de Christian Bobin, rongé par la maladie sur son lit d'hôpital. Mais c'est aussi la façon qu'ont les étourneaux de se séparer un instant pour contourner l'obstacle, avant de se rejoindre.
La parole est poétique... Christian Bobin dit ce qu'il reste à dire sur la beauté des choses. Il clame son amour au grand Tout, mais aussi à la figure maternelle et à l'épouse. C'est une déclaration d'amour à la vie, avec pour bande originale la musique au piano de Sokolov, jouant entre autres du Chopin :

"J'ai soudain à la main droite le doigt de Sokolov quand, pour faire monter un rêve, il appuie sur une touche d'ivoire."

Pas d'apitoiement dans ce récit qui ressemble à un dernier souffle sans nous faire sentir l'agonie (Christian Bobin mourra le 24 novembre 2022, malgré tout son acharnement à vivre. On lira, au passage, le récit de Jacques Viallebesset dans le numéro 4 de Littératures & cie, où il dit son lien avec "l'ami du Creusot".)


"Mon temps sera court. La fin du monde va vite, il me faut aller plus vite encore et la doubler, faire s'ouvrir sur la page ce qui s'appelle une âme, la tienne."


Christian Bobin ne se décrète pas poète. Il écrit :

"Les faussaires de la poésie sont les coucous de l'écriture. Ils sont nos pires ennemis. Je ne parle pas des mauvais poètes. Non : je parle de ceux qui prennent la défroque du poète pour mieux servir le monde. L'époque les multiplie."

Il ne faut pas toujours chercher à comprendre, mais se laisser porter par la douceur du message et de l'écriture.

Morceaux choisis :

"Nous passons notre vie à attendre quelque chose de mieux que notre vie. Nous passons, nous passons. Nous suivons le long bec de notre pensée en espérant qu'elle nous mènera loin d'ici."

"Peut-être que quand on pleure et qu'on sait pourquoi, ce ne sont pas encore des larmes. Les vraies larmes sont sans raison."

"Sais-tu qu'on peut mourir de chagrin devant l'apparition des violettes sauvages ?"

"Mon bébé-minotaure, plus tard tu reconnaîtras ce silence dans les livres et sur la tache de vin du rouge-gorge."

"Le Temps est venu d'être félicité pour ce qu'on n'a pas fait, pour ce qu'on n'a pas détruit, pour notre amour des fleurs sauvages, qui avec les cris du cœur ont seuls puissance de nous guérir.
Fie-toi aux fleurs ! Toute fleur est une goutte de courage, une transfusion de couleurs dans nos veines flétries de ne croire qu'aux ténèbres."

CM
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