Élixir, Kapka Kassabova (2024)

Est-ce un roman ou un grimoire ? Le livre de Kapka Kassabova nous emmène dans les montagnes et plaines bulgares, dans un monde qui a résisté au passé et aux révolutions. La narratrice, qui vit en Écosse, décide de revenir quelque temps dans son pays natal. Non loin de la rivière Kanina, elle nous décrit le paysage, les habitants et surtout la nature dans et par laquelle ils vivent : la cueillette des champignons, le ramassage de tous genres de plantes qui seront préparées et vendues, la vie simple et la préservation d'une identité.

Dans ces coins reculés, les Pomaks, peuple musulman, est parvenu à conserver tant bien que mal sa culture et vit bien avec les chrétiens. La narratrice va à leur rencontre et se fait raconter le passé et la vie, participant à des rites, comme celui du Passage, une Pierre purificatrice qu'on visite avec les babas, sortes de sages ou sorcières.

Le récit est organisé en quatre parties intitulées du nom des éléments : feu, terre, eau, air.
Quelques formules magiques ou "recettes" accompagnent la lecture, ainsi qu'une carte en début de livre permettant de situer les lieux.
Il ne faut pas s'attendre à une intrigue ou une narration. Le texte est entre le témoignage, la poésie et le documentaire. Il prend son temps : pas de rebondissements, pas d'action, mais une plongée dans la nature, à la découverte de ses plantes et de leurs pouvoirs. Bon sens populaire, savoir et superstitions rythment la vie de cette campagne bulgare.
L'objet livre est superbe et ajoute beaucoup au plaisir de la lecture.