La Bonne moitié, Romain Gary (1979)
Ven 12 Avr - 7:22
Romain Gary est plus connu pour ses romans que pour son théâtre, "grande passion déçue de sa vie", pour citer Maxime Decout dans la préface de La Bonne moitié, pièce rééditée par Folio théâtre.
Romain Gary se rêvait en dramaturge et pourtant, c'est par le roman qu'il a fait carrière. En 1948 paraît chez Gallimard son 3e roman, Le Grand Vestiaire, et il écrit à Louis Jouvet parce qu'il veut en faire une pièce. Malgré l'adaptation qu'il réalise, Jouvet ne met pas la pièce en scène. Ce dernier, qui a reçu plusieurs fois des propositions de Gary, trouve que ses travaux ne sont pas aboutis. Romain Gary écrit donc à Louis Jouvet, le 4 octobre 1950, une lettre où il exprime son amertume :
"Comme je ne peux malheureusement pas, par quelque malédiction, être un homme de théâtre... (...) Je suis une cruche vide. (...) Dans le théâtre d'aujourd'hui, il n'y a pas de place pour moi."
Il verra monter toutefois, quelques années plus tard et sans doute fort de son succès littéraire, sa pièce Johnny Coeur (1961).
En 1979, il publie La Bonne moitié. Cette pièce raconte l'histoire de Vanderputte, un homme qui, au début du premier acte, peut être qualifié de héros de la Résistance pour avoir recueilli des orphelins, dont les parents ont été tués durant la guerre. Parmi eux, on a l'Algérien Raton, Luc et Jannie, et le petit Velours. Mais très vite, ils apprennent que celui qu'ils pensaient être un homme de bien a aussi servi la Gestapo. Quelle moitié de lui faut-il conserver ?
Les jeunes pupilles de la Nation veulent d'abord le tuer, puis l'aider à fuir pour voir ce qu'ils en feront après.
L'Acte II nous entraîne près de la maison d'un garde-barrière, qui vit en paix avec ses roses et n'a pas envie de se mêler des règlements de comptes d'après-guerre :
"Ca ne m'est pas égal, mais je m'en fous."
Le fugitif Vanderputte est accablé de douleurs, dont un abcès dentaire (dans lequel on peut deviner aisément sa conscience). Il donne l'image d'un lâche, qui ne réalise pas la portée du mal qu'il a fait. Pourchassé, sa tête affichée dans le journal, privé de chaussures, il essaie d'échapper à ses poursuivants. Un dentiste accepte de l'opérer, même s'il revient d'Auschwitz et y a perdu toute sa famille. Croyant bien se faire voir de lui, Vanderputte lui dit :
"Merci du fond du cœur. Vous savez, je ne suis pas aussi coupable qu'on le pense. J'ai fait très attention... (...) J'ai essayé de limiter les dégâts... J'ai été drôlement malin... Ce n'est pas pour me vanter... Mais je n'ai donné que des Juifs !"
Quelle moitié devons-nous garder de ce personnage ? La Bonne moitié interroge sur le rôle que chacun peut tenir en temps de guerre et nuance la qualité d'héroïsme qu'on attribue un peu vite à un individu.
Romain Gary se rêvait en dramaturge et pourtant, c'est par le roman qu'il a fait carrière. En 1948 paraît chez Gallimard son 3e roman, Le Grand Vestiaire, et il écrit à Louis Jouvet parce qu'il veut en faire une pièce. Malgré l'adaptation qu'il réalise, Jouvet ne met pas la pièce en scène. Ce dernier, qui a reçu plusieurs fois des propositions de Gary, trouve que ses travaux ne sont pas aboutis. Romain Gary écrit donc à Louis Jouvet, le 4 octobre 1950, une lettre où il exprime son amertume :
"Comme je ne peux malheureusement pas, par quelque malédiction, être un homme de théâtre... (...) Je suis une cruche vide. (...) Dans le théâtre d'aujourd'hui, il n'y a pas de place pour moi."
Il verra monter toutefois, quelques années plus tard et sans doute fort de son succès littéraire, sa pièce Johnny Coeur (1961).
En 1979, il publie La Bonne moitié. Cette pièce raconte l'histoire de Vanderputte, un homme qui, au début du premier acte, peut être qualifié de héros de la Résistance pour avoir recueilli des orphelins, dont les parents ont été tués durant la guerre. Parmi eux, on a l'Algérien Raton, Luc et Jannie, et le petit Velours. Mais très vite, ils apprennent que celui qu'ils pensaient être un homme de bien a aussi servi la Gestapo. Quelle moitié de lui faut-il conserver ?
Les jeunes pupilles de la Nation veulent d'abord le tuer, puis l'aider à fuir pour voir ce qu'ils en feront après.
L'Acte II nous entraîne près de la maison d'un garde-barrière, qui vit en paix avec ses roses et n'a pas envie de se mêler des règlements de comptes d'après-guerre :
"Ca ne m'est pas égal, mais je m'en fous."
Le fugitif Vanderputte est accablé de douleurs, dont un abcès dentaire (dans lequel on peut deviner aisément sa conscience). Il donne l'image d'un lâche, qui ne réalise pas la portée du mal qu'il a fait. Pourchassé, sa tête affichée dans le journal, privé de chaussures, il essaie d'échapper à ses poursuivants. Un dentiste accepte de l'opérer, même s'il revient d'Auschwitz et y a perdu toute sa famille. Croyant bien se faire voir de lui, Vanderputte lui dit :
"Merci du fond du cœur. Vous savez, je ne suis pas aussi coupable qu'on le pense. J'ai fait très attention... (...) J'ai essayé de limiter les dégâts... J'ai été drôlement malin... Ce n'est pas pour me vanter... Mais je n'ai donné que des Juifs !"
Quelle moitié devons-nous garder de ce personnage ? La Bonne moitié interroge sur le rôle que chacun peut tenir en temps de guerre et nuance la qualité d'héroïsme qu'on attribue un peu vite à un individu.
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