Solitudes, Jean-Pierre Pinet (2024)

Les éditions Fables fertiles font paraître le recueil de nouvelles Solitudes de Jean-Pierre Pinet le 21 mars. L'auteur explore le thème de la solitude à travers neuf histoires très différentes, qui nous entraînent dans des univers variés. Le livre s'ouvre sur une confession qu'on croirait autobiographique, où un homme replonge dans son enfance à la campagne (les alentours du Puy-en-Velay), au sein d'une famille modeste. Il découvrira plus tard que son père, savetier, aimait se réfugier dans la solitude pour remplir ses cahiers d'écriture.
Parmi les nouvelles que j'ai préférées, il y a "L'Impasse", qui raconte comment Romain vit un intense moment de solitude au moment de partir en vacances avec sa famille : tandis qu'il est au volant, en compagnie de son épouse, de ses deux enfants et de sa belle-mère, il monologue mentalement, se pose d'importantes questions sur sa vie, se demande s'il ne devrait pas quitter sa femme... et soudain, il sent sous le siège un escarpin. C'est celui de sa maîtresse ! Comment va-t-il s'en sortir ? Cette nouvelle est à chute, contrairement aux autres qui sont davantage des récits de vie, comme "L'exilé", l'histoire de la descente aux Enfers d'un Français, réfugié en Thaïlande, narrant la perte et comment il en est arrivé à se retrouver seul au monde.
Il est question souvent des désirs qu'on a et qu'on n'ose pas totalement assumer (comme dans "L'Impasse" précédemment cité, ou dans "L'écart", où Pierre, à la vie bien rangée avec Lucie, se prête à rêver à une autre existence, le temps d'un voyage en train, ou dans "L'indiscrétion" où un homme apprend par hasard, alors qu'il se fait coiffer, les infidélités de sa femme Samantha).
Dans "La mise au jour", l'auteur s'amuse à raconter de différentes manières un fait divers pour montrer, finalement, qu'un même fait peut, grâce à l'écriture, prendre une autre dimension... et Jean-Pierre Pinet prend plaisir à écrire.
Il s'agit aussi, dans Solitudes, de nos petites lâchetés.




Les nouvelles sont accompagnées d'illustrations originales, monotypes d'Isabelle Bourger : représentant par exemple un homme jouant de la contrebasse, instrument incarnant à lui seul le thème du livre (l'auteur est lui-même musicien et compose son recueil comme une œuvre musicale...), ou des visages d'hommes et de femmes, un livre ouvert et retourné à côté d'un café, elles disent, à leur manière, la solitude.

CM