Jean d'Ormesson, L'Enfant qui attendait le train (2023)

Jean d’Ormesson n’a pas attendu d’être le grand-père préféré des Français, l’homme sage aux yeux profonds et aux cheveux blancs, pour écrire des histoires emplies de profondeur et d’espérance. Publié pour la première fois en 1979, deux ans avant le chef-d’œuvre Dieu, sa vie, son œuvre, ce conte de quelques pages contient la philosophie qui a guidé une bonne partie de la production tardive de l’Académicien du douzième fauteuil. Les Éditions Héloïse d’Ormesson ont eu la bonne idée de faire reparaître L’Enfant qui attendait le train, comme d’émouvantes retrouvailles avec l’écrivain disparu il y a six ans. Pour raconter cette histoire simple, d’Ormesson adopte une écriture épurée, presque enfantine, qui charme et qui entraîne. Le petit garçon du récit vit à l’écart du monde, dans une campagne paisible que seul le passage vespéral d’un train de luxe vient troubler. L’enfant, qui voit serpenter la machine entre les montagnes, est fasciné par le monde inaccessible et éphémère qu’elle contient. Tous les soirs, il est au rendez-vous de ce train qui lui renvoie « l’image éblouissante de la vie ». Pourtant, c’est la maladie, et la mort prévisible à sa suite, qui s’empare du petit garçon. Dès lors, la seule issue à son abattement est de voir ce train, symbole d’une vie en miniature, d’une vie elle aussi passagère. Le talent de Jean d’Ormesson réside dans l’humanité de sa vision et dans sa faculté à mobiliser pour nous les forces de l’espérance. SM