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Julien Gracq, La Maison (2023) Empty Julien Gracq, La Maison (2023)

Jeu 6 Avr - 20:01
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Julien Gracq, La Maison, Editions Corti, 2023, 82 pages, 15 euros
Dans un écrin vert émeraude, les éditions Corti publient un inédit de Julien Gracq, La Maison, un texte bref que l’auteur du Rivage des Syrtes avait conservé sous la forme de treize feuillets manuscrits. En pleine Occupation allemande, le narrateur fait régulièrement, en autocar, le trajet de V… à A… Il observe la campagne alentour, intrigué à chaque fois par une « terre gâte », une friche hostile et déserte au centre de laquelle trône une intrigante maison abandonnée. Au milieu de « ce pire coin de campagne sourde et muette » où l’on n’entend pas même le chant des oiseaux, le narrateur fait un jour escale, pour assouvir sa curiosité. Ce mois de novembre pluvieux et froid est assurément le temps qui convient à la découverte de la villa désertée, « le rendez-vous d’un chasseur noir, une maison où se pendre – une retraite pour le pire veuvage ». Il veut simplement jeter un coup d’œil à la maison, soumis à l’étrange attraction du lieu. Au ciel bas qui rend l’humeur maussade succède une  « embellie » qui plonge le narrateur dans un monde nouveau, comme si les abords de la « maison » étaient une frontière entre le réel et le monde imaginaire. À mesure qu’il approche il découvre que la maison, loin d’être en ruine, semble éteinte, « intacte et pourtant macabrement vieillie – retirée du circuit – pareille à un visage qui se fût recouvert de poussière comme un meuble ». Sa surprise est à son comble quand il voit, à l’arrière de la demeure, une table de jardin, dressée pour un déjeuner à deux que la pluie a subitement interrompu. Que dire alors de cette voix féminine qui fait entendre soudain son chant, de ces deux pieds nus qui apparaissent, prémices de l’apparition d’une chevelure blonde ?… Julien Gracq est tout entier dans ce récit où la virtuosité descriptive aux mille comparaisons le dispute au mystère des frontières et à l’étrangeté des présences. Le désir du lieu se mue en désir sensuel, et le lecteur se fait voyeur, caché avec le narrateur dans les taillis voisins de la maison. On se laisse porter par la phrase élégante, dense et précise de Gracq qui donne à lire, 85 ans après Au château d’Argol, la découverte renouvelée d’un lieu transfiguré par l’imaginaire d’un auteur essentiel du XXe siècle. S.M.

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Cécile R aime ce message

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