"Je voudrais attacher ma pensée avec une ficelle, serrer fort et l'étrangler." (Mercè Rodoreda)
Dim 17 Juil - 7:44
"Une lune... comme si Dieu en personne venait de la poser pour toujours entre la mer et la nuit. Comme si elle était faite de toutes les fleurs des pommiers de mon jardin."
Mercè Rodoreda est une auteur catalane (1909-1983). Son recueil Elle m'a dit : sorcière! se compose de trois nouvelles à l'univers singulier, tirées de La meva Cristina i altres contes (Une baleine nommée Cristina et autres nouvelles) (Librairie La Brèche éditions).
Dans "Une lettre", la narratrice écrit à son médecin. Elle se demande si elle n'est pas une sorcière vu que chaque chose qu'elle pense pour elle-même se réalise sur l'instant. Sa parole intérieure est si performative qu'elle se demande si, en songeant furtivement au fait que son mari allait tomber du figuier, elle ne l'a pas tué. Quels doutes avoir quand on est capable de faire naître un pommier sur la mer?
"Elles [les bulles] s'amusaient à naître et à mourir, et de la blessure qu'elles laissaient sur l'eau lisse sortaient des fleurs et encore des fleurs. Et à la fin, toutes, ensemble, elles ont fait un pommier."
La deuxième nouvelle, "La bonne d'enfants", se compose des paroles d'une bonne à une fillette, petite sorcière qu'elle veut posséder.
La dernière, "La salamandre", raconte comment une femme est pourchassée par les habitants d'un village pour avoir couché avec un homme marié. Lui vit en toute impunité lorsqu'elle est traitée de sorcière et brûlée sur le bûcher. Mais elle revient, sans rien comprendre, sous la forme d'une salamandre que tous traquent aussi.
Dans "Une lettre", la narratrice écrit à son médecin. Elle se demande si elle n'est pas une sorcière vu que chaque chose qu'elle pense pour elle-même se réalise sur l'instant. Sa parole intérieure est si performative qu'elle se demande si, en songeant furtivement au fait que son mari allait tomber du figuier, elle ne l'a pas tué. Quels doutes avoir quand on est capable de faire naître un pommier sur la mer?
"Elles [les bulles] s'amusaient à naître et à mourir, et de la blessure qu'elles laissaient sur l'eau lisse sortaient des fleurs et encore des fleurs. Et à la fin, toutes, ensemble, elles ont fait un pommier."
La deuxième nouvelle, "La bonne d'enfants", se compose des paroles d'une bonne à une fillette, petite sorcière qu'elle veut posséder.
La dernière, "La salamandre", raconte comment une femme est pourchassée par les habitants d'un village pour avoir couché avec un homme marié. Lui vit en toute impunité lorsqu'elle est traitée de sorcière et brûlée sur le bûcher. Mais elle revient, sans rien comprendre, sous la forme d'une salamandre que tous traquent aussi.
Le monsieur et la lune
Lun 18 Juil - 20:58
Nouvelle tirée d'Une baleine nommée Cristina...
Un homme monte chaque jour sur un rayon de lune...
"Je ne sais toujours pas pourquoi, peut-être comme ça se passe quand on se fait des illusions, au moment où on s'y attend le moins quelqu'un vient, qui ne sait rien et qui vous les piétine. (...)
Le rayon de lune est entré et a glissé jusqu'à mes pieds. Rageusement, je l'ai piétiné une fois, deux fois, trois fois. Mais il n'a même pas bougé, et à la troisième fois, je me suis aperçu que je m'étais mis à marcher, j'ai eu l'impression de passer du malaise à un bien-être insoutenable et que la pointe plantée dans mon cœur fondait comme un glaçon baignant dans du sang chaud. Je montais peu à peu, majestueusement. Tout d'un coup je suis arrivé là où, maintenant que j'y pense sans me faire d'illusions, il me semble que c'est là où tous, un jour ou l'autre... Enfin, le rayon de lune s'arrêtait devant un précipice noir et j'ai vu la grande bête de la nuit qui se mordait la queue tout au bout de grands et obscurs entortillements...Très loin, là-haut, il y avait un rien de clarté qui semblait être le mal-être de l'ombre... Résigné, je me suis retourné et j'ai commencé à descendre en faisant bien attention. La tristesse, qui jamais ne trompe, m'avait trompé. C'était fini. La lumière m'avait généreusement ouvert un dernier chemin d'espoir, mais c'était un chemin barré. J'avais envie de me retourner pour regarder mais je n'osais pas. Je n'en avais pas le courage. Je me disais "tu vas tomber, tu vas tomber, tu vas tomber..." Quand je suis arrivé en bas, je suis entré dans le jardin et j'ai fermé le portillon avec le loqut est le verrou. Et me voici. Tout entier fait de lune et de peine. "
Un homme monte chaque jour sur un rayon de lune...
"Je ne sais toujours pas pourquoi, peut-être comme ça se passe quand on se fait des illusions, au moment où on s'y attend le moins quelqu'un vient, qui ne sait rien et qui vous les piétine. (...)
Le rayon de lune est entré et a glissé jusqu'à mes pieds. Rageusement, je l'ai piétiné une fois, deux fois, trois fois. Mais il n'a même pas bougé, et à la troisième fois, je me suis aperçu que je m'étais mis à marcher, j'ai eu l'impression de passer du malaise à un bien-être insoutenable et que la pointe plantée dans mon cœur fondait comme un glaçon baignant dans du sang chaud. Je montais peu à peu, majestueusement. Tout d'un coup je suis arrivé là où, maintenant que j'y pense sans me faire d'illusions, il me semble que c'est là où tous, un jour ou l'autre... Enfin, le rayon de lune s'arrêtait devant un précipice noir et j'ai vu la grande bête de la nuit qui se mordait la queue tout au bout de grands et obscurs entortillements...Très loin, là-haut, il y avait un rien de clarté qui semblait être le mal-être de l'ombre... Résigné, je me suis retourné et j'ai commencé à descendre en faisant bien attention. La tristesse, qui jamais ne trompe, m'avait trompé. C'était fini. La lumière m'avait généreusement ouvert un dernier chemin d'espoir, mais c'était un chemin barré. J'avais envie de me retourner pour regarder mais je n'osais pas. Je n'en avais pas le courage. Je me disais "tu vas tomber, tu vas tomber, tu vas tomber..." Quand je suis arrivé en bas, je suis entré dans le jardin et j'ai fermé le portillon avec le loqut est le verrou. Et me voici. Tout entier fait de lune et de peine. "
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