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La guerre des filles, Christiane Singer (2022) Empty La guerre des filles, Christiane Singer (2022)

Ven 27 Mai - 8:28
La guerre des filles, Christiane Singer (2022) 97822214


La critique complète de ce livre paraîtra en octobre dans le numéro 2 de Littératures & Cie.

"L’éditeur nous annonce, en quatrième de couverture, qu’il est question ici d’« insoumission » et de « radicalité » — peut-être même que la réédition concorde avec l’air d’un temps marqué par le mouvement #Metoo. Or on ne perçoit pas une vraie force dans ces femmes dissidentes, toujours ramenées à leur passé de mères ou d’amoureuses. Les chevalières de Vlasta ne sont pas des Amazones : elles sont faibles à cause du désir et de l’amour qui les ramènent aux hommes et, esclaves de leur nature, elles leur sont trop attachées pour faire figures d’héroïnes. On regrette que le refus de la servitude ne soit pas assumé et poussé plus loin dans le récit, car le pouvoir est aussi une affaire de désir, et on sent ces femmes prêtes à céder, abandonner leurs luttes pour revoir un enfant ou un ancien amant ; on regrette aussi que le texte ne soit pas assez audacieux, qu’aucun lien amoureux ne naisse entre les révoltées et que cette société ne se réinvente pas : de véritables Amazones se libèrent du joug des hommes et ne se soumettent pas à la loi du désir masculin. Elles se suffisent à elles-mêmes, s’autorisent mais ne dépendent pas, et leur cri de guerre peut être aussi un ralliement à Sapphô. Pourquoi les compagnes de Vlasta ne fondent-elles par une vraie société de femmes autonomes, délivrées de toutes leurs faiblesses ? Pourquoi n’inversent-elles pas les valeurs quand elles ont l’épée à la main et restent-elles de « faibles femmes », que la pitié et d’autres sentiments perdront une nouvelle fois ? On a même l’impression que le texte, au fond, donne tort à ces guerrières puisqu’il les place dans une impasse : elles semblent incapables de réinventer le nom de « femme » et de vivre loin des hommes. Et qui meurt, à la fin ?... La guerre des filles n’aura pas lieu."


Les femmes peuvent-elles se libérer du joug des hommes si leur désir les pousse vers eux?
L'univers créé par Christiane Singer ne va pas au bout des choses et donne à voir dans ces guerrières, finalement, des femmes rattrapées par leur seule nature hétérosexuelle. Elles ne peuvent être définies que par rapport à un homme, qu'il soit là ou non. Ces femmes restent "trop femmes", prisonnières d'un genre et d'un sexe. On aurait aimé de la nuance, l'ouverture sur tous les possibles avec une micro-société lesbienne (dans le sens "de Lesbos" ici), une vision politique en plus de la poétique qui nous est donnée. On aurait aimé des sentiments, une certaine sororité comme on en trouve dans Viendra le temps du feu de Wendy Delorme, mais pas deux clans qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre pour des raisons quasi biologiques.

Par exemple, les reines Kationa, Katarina et Katia du Cycle de Goth sont les incarnations de ce nouvel ordre à inventer. Il faut inverser les valeurs pour parvenir à questionner.
De la même manière, le texte "Sapphô armada" tente de dire combien la liberté des femmes est limitée par leurs désirs (nature hétérosexuelle et désir de reproduction).


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