Le Manoir des lettres
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« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Empty « D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba

Mer 26 Jan - 18:02
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Gfc20210


Gabrielle Filteau-Chiba est une auteur québecoise qui a publié à ce jour trois romans aux Éditions XYZ :
- Encabanée en 2018
- Sauvagines en 2019
- Bivouac en 2021
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Captur16
 
La publication en France (éditions Stock) de Sauvagines permet de mettre en lumière l'œuvre naissante, et déjà si prometteuse, de Gabrielle Filteau-Chiba.
 
Sauvagines, c'est l'histoire d'une garde-forestière solitaire. Elle vit avec sa chienne Coyote, une bâtarde qui lui a plu dès les premiers instants. Raphaëlle se sent elle-même à part dans sa famille, elle qui est la seule à ne pas avoir les yeux bleus et qui porte une longue tresse noire.
Elle rêve d'harmonie entre l'homme et l'animal. Les orignaux, les ours, les coyotes peuplent les forêts du Kamouraska. Il y a les chasseurs, mais ils sont de plus en plus rares à ne pas tuer pour le plaisir et le profit. Ils viennent souiller la forêt :
 
      « Dans les prochains jours, les routes entre la ville et le Haut-Pays deviendront un sale cortège. Des chasseurs qui montent y balanceront paquets de cigarettes, canettes de bière américaine, sacs pleins de viscères de gibier et vides de crottes de fromage. Les déchets que je ramasserai en dévoileront d’autres, d’une autre époque. Preuve que la décomposition du plastique prend des siècles, que bien des chasseurs ne font pas le lien entre la qualité de l’habitat et la survie d’une espèce. Quelle ironie, ils polluent l’espace vital de la bête lumineuse qu’ils rêvent de griller en sauce ! Ils se déguisent de textiles couleur forêt tout en profanant les lieux et les cadavres. Et ils se disent des gars de bois.
      À force de sensibilisation, nous y arriverons peut-être, croit l’optimiste en moi. Mais en mon for intérieur, j’ai plutôt le mauvais pressentiment qu’on attendra d’avoir tout détruit avant de se revirer de bord. » (Sauvagines)
 
Raphaëlle veille donc à ce que ces hommes sans-gêne et les braconniers ne mettent pas à sang les bois. Mais elle a très peu de pouvoir. L’organisme d’État qui l’emploie ne lui donne pas un grand champ d’action, et elle se retrouve souvent impuissante lors de simples contrôles. Elle l’est tout autant quand elle apprend que le quota de lynx à chasser pourra être augmenté. Les décisions du Ministère n’ont aucune logique et ne visent plus à préserver la nature :
 
      « Je croyais que mon travail au Ministère serait valorisant, donnerait un sens aux heures sur mon talon de paye. Je m’imaginais parcourir des kilomètres infinis de forêt et de parcs comme en mission. Enrichir mon savoir. Je suis agente de protection de la faune, mais au fond, je ne protège pas les chassés. Non, je suis un pion du gouvernement sur un échiquier trop grand pour moi. Un bien beau titre sur papier. Des fois, je me sens comme un parcomètre qui veille à ce que l’industrie de la chasse continue de faire vivre les dépanneurs des villages. En plus, il faut que je sourie poliment à ces gens qui se pavanent saouls en quatre-roues ensanglantés de panaches, une once d’orgueil de vainqueur sorti vivant du bois dans le regard.
    Ils ont tué. Ils ont aimé ça. Ils ont soif de recommencer et d’une bonne Bud. Le svelte chasseur-pourvoyeur d’autrefois est devenu dans une très vaste mesure un collectionneur bedonnant. Mon évocation du stéréotype de chasseur obèse en salopette camouflage et casquette orange fluo est interrompu par le bulletin de nouvelles régionales à la radio. » (Sauvagines)
 
Elle a pour ami Lionel, qui chasse son orignal une fois par an et qui est bienveillant comme un père. Elle est « sa chouette » ; il partage avec elle la même vision de la nature :
 
      « Une prémonition (d’Einstein) pour toi :
      « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. » (Sauvagines)
 
Lors d'une visite chez lui, Raphaëlle perd Coyote. En partant à sa recherche, une vision d'horreur s'offre à elle :
 
      « À mes pieds, une pile de pattes de chevreuils. Sciées. Sur un lit d’ossements. Autour, au bas des arbustes, il y a tellement de collets que je ne pourrais pas les compter ; à ma droite, un tas de bouteilles souillées qui devaient contenir de l’urine de femelle ou d’autres liquides de mauvaises intentions. (…) Un crâne de vache. Des touffes de poils. La noirceur s’invite, ajoute à mon désarroi. (Ça pue la chair en putréfaction. Cage thoracique de veau. Perché dans un arbre, tout prêt de ma tête, une cage où se débat et grogne une martre, ou quelque chose de petit, mais de méchant. » (Sauvagines)
 
Dans cette atmosphère à la Blair Witch, on a l’impression d’assister à une scène de sorcellerie. Mais les sorcières ne se comportent pas ainsi avec la nature !... Raphaëlle retrouve Coyote en très mauvais état, piégée par un collet posé par un braconnier. S’en sortira-t-elle, vu les plaies dont elle est couverte ?... Dès lors, elle se lance sur les traces de ce criminel. Mais, très vite, le lecteur se rend compte que cet homme la traque déjà et veut l’effrayer… peut-être même la tuer... Il l’observe dans l’œil d’une caméra posée à la dérobée ; il a défoncé la porte de son abri et laissé comme signature une peau de coyote femelle fraîchement assassinée. Le symbole est fort, Raphaëlle ne peut plus vivre en sécurité. La guerre va commencer :
 
      « Je ne lâcherai plus ta piste, telle une chienne de sang. » (Sauvagines)
 
Avant ces événements, sa roulotte était pour elle un refuge, sa « cabane », la chaleur à la nuit tombée :
 
      « La noirceur s’installe, les chouettes louangent l’heure des prédateurs. Le poêle ne tarde pas à chasser l’humidité de la roulotte, et moi, à tuer les maringouins. »
 
Cette guerre, elle va non seulement la mener contre cet homme, mais ce sera un combat bien plus vaste, celui contre la bêtise humaine et les animaux maltraités. L’être humain ne sait plus bien se comporter dans la nature. Ce braconnier, qui lui en veut personnellement, doit aussi être un ennemi pour les autres. Au cours de l’enquête de Raphaëlle, on apprend d’ailleurs combien l’individu est un abominable échantillon masculin de l’humanité. Quelle vengeance exercer contre lui et ses semblables ? Est-ce qu’une vendetta peut se mener seule ? Comment avoir assez d’énergie pour la bataille ?

En posant des questions en ville, Raphaëlle a trouvé un carnet rempli de pensées et de dessins. Il appartient à une certaine Anouk B., qui raconte son quotidien dans sa cabane. Anouk est, comme Raphaëlle, une « encabanée » ! Le lecteur la connaît déjà, car elle est la narratrice du précédent roman de Gabrielle Filteau-Chiba, s’appelant lui-même Encabanée
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Img_2023


Raphaëlle dévore ce journal et décide de retrouver cette femme, son double dans le Kamouraska — et dans ce nom, on peut entendre le mot « amour » :
 
      « Kamouraska, je suis tombée sous le charme de ce nom ancestral désignant là où l’eau rencontre les roseaux, là où le golfe salé rétrécit et se mêle aux eaux douces du fleuve, là où naissent les bélugas et paissent les oiseaux migrateurs. Y planait une odeur de marais légère et salée. Aussi parce qu’en son cœur même, on y lit « amour ». J’ai aimé cet endroit dès que j’y ai trempé les orteils. La rivière et la cabane au creux d’une forêt tranquille. Je pouvais posséder toute une forêt pour le prix d’un appartement en ville ! Toute cette terre, cette eau, ce bois et une cachette secrète pour une si maigre somme… alors j’ai fait le saut. » (Encabanée)
 
Sauvagines est un roman dense et passionnant. Il nous conduit sur les sentiers dangereux d’une forêt peuplée de mâles, qui ont décidé de soumettre la nature à leur désir. Le titre est expliqué en exergue :
 
      « Sauvagine : n.f. Ensemble de peaux les plus communes vendues par les chasseurs sur les grands marchés de la fourrure. »
 
Mais ce titre prend bien d’autres sens au fil de la lecture… La sauvagine, c’est d’abord Raphaëlle, la femme libre et sauvage, défenseuse et vengeresse de la nature bafouée ; au pluriel, c’est elle et une autre, Anouk, qu’elle rencontre lors de sa quête, la solitaire comme elle, la renarde à la chevelure rousse, qu’on croit difficile à apprivoiser (on pense d’ailleurs au Petit Prince, à qui l’auteur fait allusion). Leur rencontre apporte au récit un souffle de désir, l’énergie amoureuse nécessaire à la révolte :
 
« Tant qu’il y aura (…) des lois vétustes qui laissent le champ libre à ces industries, il y aura des femmes comme moi qui commencent à penser que la seule solution est de répondre au feu par le feu. »
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba 9k=



Au feu par le feu… mais désormais à deux. Se comportant l’une envers l’autre comme des sœurs, attirées l’une par l’autre mais ne voulant pas faire un faux pas, elles se rapprochent, se touchent et rient. La véritable sororité n’existe pas sans s’incarner. Elle est faite d’un désir d’être ensemble, et elle s’épanouit autant par le corps que par l’esprit.
Raphaëlle est le double d’Anouk. Dès qu’elles se voient, c’est l’évidence. Impossible que ces deux femmes se quittent. Elles passent une nuit autour de Gros-Pin, le plus vieil arbre de la forêt, et reçoivent même la visite d’un mythique cerf blanc. Gabrielle Filteau-Chiba fait monter tout doucement la tension, elle prend son temps dans un style très agréable à lire, plein d’une douce lenteur. Les deux femmes s’observent, les doigts se touchent… Raphaëlle se trouve apaisée et vivifiée par sa présence :
      « Sa communion avec le bois est sensorielle, sensuelle. J’aime la regarder être. J’aime l’idée qu’elle aiguisera mes sens par sa seule présence. Autant sa révolte dans son journal intime était contagieuse, autant elle m’insuffle la paix en m’accompagnant, émerveillée comme elle l’est. » (Sauvagines)
 
Elles s’aiment déjà sans se le dire :
 
      « Anouk soutient mon regard. Son sourire est à la fois bienveillant et malicieux. On dirait qu’elle se retient de m’embrasser, son visage avancé au-dessus de la table, si près du mien, ses doigts qui tambourinent le bois huilé, à quelques millimètres de mes mains moites.
    Oh, si tu oses, je te laisse faire, je te laisse tellement faire. » (Sauvagines)
 
Mais qui osera la première ?...
L’amour est un projet politique et poétique….
 
      « Je n’avais pas réellement la trempe solitaire, mon amoureuse non plus. Nous sommes faites pour veiller le feu d’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt paisible, de concert avec une meute qui chante sous les étoiles. Protéger les cerfs et les cèdres blancs, prendre sous notre aile des portées de coyotes et leur descendance. » (Sauvagines)
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Img_2027
 
Leur union renforcera la révolte. Il faut « venger les coyotes, les lynx, les ours, les martres, les ratons, les visons, les renards, les rats musqués, les pécans ; venger les femmes battues ou violées qui ont trop peur pour sortir au grand jour. Moi, je ne veux pas vivre dans la peur. Et ça ne peut plus durer, ce manège, l’intimidation des victimes. » (Sauvagines)
 
Mais la vengeance, comme le désir, doit savoir patienter… Gabrielle Filteau-Chiba nous fait attendre, de la même manière que Raphaëlle et Anouk attendent le moment de se rejoindre dans une belle scène érotique, écrite avec beaucoup de réserve et d’intensité, chose assez rare en littérature. Un moment où enfin, elles prennent possession de leur beauté :
 
« Pourquoi donc a-t-on tant besoin de posséder la beauté ? » (Sauvagines)
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba 20220110
 
On peut rêver d’un monde d’amour, où l’homme ne détruirait pas tout, où « la fourrure resterait sur le dos des animaux. Sur les neiges miroiteraient le roux du renard, le noir du vison, l’indescriptible gris-rouille du coyote. » (Sauvagines)
 
Encabanée développe cette idée de la destruction de la nature par l’homme. Il y est question de la lutte d’activistes pour faire comprendre l’ampleur du mal. Gabrielle Filteau-Chiba dénonce le transport de pétrole qui menace à tout instant de polluer les rivières de la forêt. Avant d’aimer Raphaëlle, Anouk a vécu une brève histoire de trois jours avec un étranger, Riopelle, prêt à sacrifier sa vie pour montrer au monde ce qu’est devenu l’homme. Elle a elle-même quitté la civilisation parce qu’elle ne supportait plus de vivre avec les contraintes du monde moderne et de répondre aux injonctions de la société. Elle vient cultiver sa mémoire dans un lieu désert et glacial, « où les engelures font mal comme des pensées d’amour. » (Encabanée) :
 
          « La mémoire se cultive comme une terre. Il faut y mettre le feu parfois. Brûler les mauvaises herbes jusqu’à la racine. Y planter un champ de roses imaginaires, à la place. » (Citation d’Anne Hébert dans Encabanée)
 
Ici, l’hiver est terrible. Anouk ne peut penser qu’à la survie, qui passe par le fait de chauffer sa cabane. Elle a pour seule compagne une souris :
 
      « Une souris qui gruge les poutres du plafond s’est taillé un nid tout près de la cheminée. Je l’entends grattouiller frénétiquement jour et nuit. Au fond, pas grand-chose ne nous différencie, elle et moi, ermites tenant feu et lieu au fond des bois, femelles esseulées qui en arrachent. »
 
 
La solitude, c’est parler seul, dire bonne nuit à sa souris ou son chien, c’est « (préférer) la compagnie des poètes et des souris. » :
 
      « Tu sais que tu souffres de solitude quand tu souhaites bonne nuit à un chien qui dort déjà et que tu souris à ta poêle en fonte. » (Sauvagines)
 
Anouk mène elle aussi cette vie, dont la devise en escalier pourrait être :
 
  « D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Folle10
Lire Sauvagines, c’est avoir envie de tirer le fil des textes écrits par Gabrielle Filteau-Chiba et de découvrir, dans Encabanée, qui était Anouk avant de rencontrer Raphaëlle. Les poèmes écrits par l’auteur, et à paraître très prochainement aux Éditions XYZ sous le titre La Forêt barbelée, prolongent encore le plaisir de lecture de ces deux romans.
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Large-10






Au fil des saisons qui en forment les quatre parties, on retrouve les sujets qui tiennent à cœur à l’auteur, dont la vie sert de modèle à l’écriture de ses livres… Les poèmes sont des médecines douces, comme celui-ci qui en porte le titre :
 
 

les mésanges bonheur matin

tètent les cotons de molène

cocottes résineuses

tombées du ciel

 

frimas aux cils

je leur livre tous mes tournesols

comme si je sentais dans mon animal

que quelque drame allait frapper

 

tandis que le vent hurle

tous aux abris

je m’entête dehors à bûcher

le mercure indique moins mille

 

schlack elles fendent sec
schlack elles cèdent

s’empilent

 

un voeu par élan

 

de la chaleur jusqu’au bout de la nuit

que mes semis prennent

que mon jardin me dépasse

et qu’entre les rangs de légumes

éclosent des panacées

 

 

 
 
On se laisse prendre et porter par la langue ponctuée d’idiomes québécois, qui se marie parfaitement aux grandes étendues sauvages, sans jamais entraver la compréhension, donnant au texte un subtil exotisme.
 

Les romans eux-mêmes sont des objets qu’on a plaisir à tenir entre les mains : dans l’édition Stock, on peut voir une photo de neige que fend un coyote à pas feutrés. 
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Captur17






Les croquis de l’auteur  ponctuent les chapitres des deux livres. Pour se repérer, on a même une carte où l'on retrouve les lieux des romans :
« D’une lune à l’autre, garder l’œil sur la forêt » - Gabrielle Filteau-Chiba Img_2025
 
 
 
Entre les livres et les auteurs se tissent aussi une sororité. Gabrielle Filteau-Chiba nous invite, dans les dernières lignes de Sauvagines, à réunir une « myriade d’alliées ». Quand on lit ce texte, on pense au roman de Wendy Delorme, Viendra le temps du feu, dans lequel une troupe de femmes rebelles tentent de lutter dans un monde autoritaire. La forêt de Gabrielle Filteau-Chiba est un paradis qui se perd et qu’il est encore temps de sauver. On songe aussi immanquablement, avec Encabanée, au Mur invisible de Marlen Haushofer, à cette communion entre une femme solitaire et les animaux dans un monde inquiétant. Chez Wendy Delorme, on vit en communauté, tapies sous terre pour échapper à l’ennemi et organiser la résistance ; chez Marlen Haushofer et Gabrielle Filteau-Chiba, la tanière est une cabane où l’on vit seule.(On a aussi en tête les mots de Sylvain Tesson quand il affronte les terres glacées de Sibérie.)
Sauvagines, Encabanée et La Forêt barbelée (reste à lire Bivouac!) sont des textes "écoféministes », des hymnes à la nature où la lutte naît de la sororité…
 
 
Un cri du cœur de Raphaëlle, pour une conclusion provisoire :
 
« Si dieu existe, c’est une femme émancipée, libre et fertile, croyez-moi. »
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