Le mendiant de Jérusalem, Elie Wiesel (1968)
Sam 25 Mai - 5:30
"Aucune prière n'est gratuite. Chacune comporte sa propre récompense. Tu t'enrichis pendant que tu pries. Pas après."
Juste après la guerre des Six jours, guerre où Israël a dû affronter pour la deuxième fois des pays arabes remettant en cause son droit à exister depuis sa création en 1948, Elie Wiesel publie au Seuil Le Mendiant de Jérusalem. Après des premières pages assez allégoriques, poétiques, voire obscures, dans lesquelles on voit une foule de personnages graviter autour du mur du Temple, l'auteur nous raconte cette guerre éclair, où des hommes sont morts pour défendre leur terre. Il clame son attachement à Jérusalem, l'appartenance au peuple juif, et il revient sur ce moment très fort qu'a été la reconquête du Kotel, Mur des Lamentations qui, on le rappelle, n'était pas accessible aux Juifs jusqu'en 1967 par l'interdiction de la Jordanie qui contrôlait Jérusalem. Il montre la ferveur du retour : le Mur mythique, celui du Temple, revient enfin à ceux à qui il appartient.
La survivance du peuple juif, son éternité est exprimée aussi dans ce passage où l'on voit l'acharnement de l'histoire contre lui :
La survivance du peuple juif, son éternité est exprimée aussi dans ce passage où l'on voit l'acharnement de l'histoire contre lui :
Les fantômes de la Shoah rôdent entre les murs de Jérusalem. L'auteur les invoque très souvent, d'une manière pudique et presque implicite qui glace, comme cette mention, des juifs assassinés par les nazis, au détour d'une phrase :
"Israël a vaincu parce que son armée, son peuple comptait six millions de noms en plus."
Ou comme on peut le lire dans ce passage :
Quand on lit Le Mendiant de Jérusalem, on est frappé par l'actualité de ce texte. Dès les premières pages, tirées du carnet de voyage d'Elie Wiesel, on a l'impression que ces mots sonnent malheureusement trop vrais encore : la solitude d'Israël n'est pas nouvelle, si l'on en croit ce qui se passe aujourd'hui depuis que l'opération Glaives de fer a été entreprise suite aux actes terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 pour la survie d'Israël, et l'on pourrait appliquer à la situation actuelle les mots qu'on lit dans ce texte.
C'est un vrai chant d'amour à la cité antique, comme le montrent des passages très lyriques :
C'est un vrai chant d'amour à la cité antique, comme le montrent des passages très lyriques :
N'attendons pas l'heure des éloges funèbres ni celle des larmes de crocodile :
Et pour se donner la force nécessaire, lisons ces mots de Yoav qui se révolte :
"Le droit à la vie, nul ne peut me l'offrir ni me le retirer. Ce droit-là, je le prends. Je ne permettrai à personne de me le contester. (...) Les larmes, les appels à la conscience, les pétitions, je n'y crois plus. Dieu ne nous aime pas, le monde non plus : tant pis. Ce n'est plus notre problème, mais le leur. (...) Leur jugement ne me concerne plus. Nous seuls déciderons de la tactique à suivre."
Mots auxquels on peut ajouter :
"Nous gagnerons parce que nous n'avons pas le choix ; l'ennemi peut se permettre de perdre une fois, trois fois, dix fois ; pour nous, aucune victoire n'est la dernière, alors que toute défaite le serait."
CM
Éditions Points, réédition avril 2024
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