Jane Birkin, Munkey Diaries, Journal 1957-1982 (2018)

Jane Birkin, Munkey Diaries - Journal 1957-1982, Le livre de Poche, 2018, 446 pages

De Jane B., disparue cet été, on peut réécouter les chansons, revoir les films, bien sûr, mais si l'on veut partager avec elle l'intimité de ses pensées, il faut lire son passionnant journal, dont la première partie publiée s'intitule Munkey Diaries, du nom de son singe en peluche porte-bonheur. A la lecture, ne soyez pas étonné d'entendre sa voix : Jane parle à son singe, mais elle nous parle à nous, lecteurs qui ne l'avons pas connue, qui n'avons pas partagé les péripéties de sa vie, de onze à trente-six ans. De la jeune fille différente, complexée par son absence de formes, amoureuse de son père, son héros, malheureuse à l'école et en pension, à la jeune femme prête à accoucher de Lou, sa troisième fille, ce premier volume de confidences nous donne à voir les méandres d'une âme. Le journal est complété par des commentaires de Jane Birkin, qui permettent de mettre en contexte certains événements, de comprendre l'identité de telle ou telle personne citée ou même de narrer les années où les journaux n'ont pas été retrouvés. On y côtoie les trois hommes de sa vie : John Barry, rencontré alors qu'elle est encore une petite starlette anglaise, mannequin et comédienne de théâtre, comme sa mère Judy Campbell, Serge Gainsbourg, l'homme de sa vie, et Jacques Doillon. On assiste aux naissances de Kate et de Charlotte, deux de ses filles aimées dont elle brosse des portraits tendres et émouvants, à la vie agitée de la famille recomposée qu'elle forme grâce à Serge, à quelques tournages de films, même si la vie professionnelle n'est pas le cœur du journal. Jane Birkin se livre, analyse, pense. Elle est tout entière dans les pages de ses Munkey Diaries, élégante, fragile et attachante. SM