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"Du mépris de classe", L'Amour, François Bégaudeau (2023) Empty "Du mépris de classe", L'Amour, François Bégaudeau (2023)

Ven 25 Aoû - 10:09
"Du mépris de classe", L'Amour, François Bégaudeau (2023) L-amou10

Sous ce titre, et derrière la quatrième de couverture, va se révéler une histoire d'amour des plus ordinaires, des plus quotidiennes (le propos est sans doute de dire que l'amour n'est pas forcément la passion, les grands éclats, mais qu'il est la plupart du temps une vie simple, à deux).
Fille de femme de ménage, Jeanne rêve du joueur de basket qu'elle croise au gymnase, mais il ne la remarque pas. Elle trouve alors sur son chemin, comme ça, parce qu'il est dans la vie de tous les jours, le fils de Gérard et Maryvonne, Jacques, et, sans le chercher vraiment, ils vont se mettre ensemble, se marier, avoir des enfants (les gens simples s'accouplent naturellement, pas besoin de sentiments ou de séduction).
Le récit se passe en province, dans les années 70, où on joue au flipper, où on est bien un peu benêt. C'est ça, les gens de la province. Ils prennent la vie comme elle vient, entre un travail de mécano ou de nourrice... On dira que c'est le tableau d'une époque... un peu facile ! Les passages récurrents au discours indirect libre, dans le reste du récit plat comme la vie qu'on veut dire (et non pas décrire) nous montrent des personnes quasi stupides, vulgaires (vu comme c'est fait, le lecteur associe cela au statut social, obligatoirement... Ça vole pas haut chez Gérard et les autres).) Quand Jacques pense, ça donne ça (mais il n'est pas le seul... Ces braves gens, on allait dire "ces gens-là", vous disent les choses sans ambages. Hein, Gérard ! Ah ben oui, j'ai demandé la Maryvonne en mariage à la buvette, et j'ai regretté tout de suite après...) :


"Et puis, ils lui chieront pas une pendule pour un oubli de priorité.
Il utilise cette expression sans conviction, car personne n'a chié une pendule. Ou alors une pendulette, plaisante Jeanne. Une montre, enchérit Jacques."


Plus loin :

"C'est un des petits que Maryvonne garde pour mettre du beurre dans les épinards. Jacques observe que pour autant ils ne mangent jamais d'épinards."

Qu'ils peuvent être premier degré, ces péquenauds ! Encore :

"C'est pas pour ça qu'il a la main verte !
Jacques ne relève pas la taquinerie. D'abord, on n'a jamais vu personne avec la main verte sauf Hulk."


Hum...
N'est pas Zola qui veut...
Ce qui ressort de tout cela, c'est une grosse dose de mépris.


L'Amour de Bégaudeau, c'est comme une balade au zoo. Parler des histoires ordinaires pour en faire ce livre plat et qui respire (espérons-le, malgré lui) le mépris, ne pas réussir à en faire autre chose qu'un résumé d'une vie jugée ordinaire par son auteur, avec le mari et la femme qui se disputent à propos de Laurent Gerra et des Guignols, ce petit couple hétérosexuel qui regarde "Plus belle la vie", et recevoir des critiques dithyrambiques, c'est incompréhensible (car ce n'est pas bien écrit, quoi qu'on en dise, quelle que soit l'excuse forme-qui-sert-le-fond qu'on voudrait trouver)... Il y a comme une impression de voyeurisme... d'un Parisien qui pourra justifier son propos par un "je sais de quoi je parle, j'en viens, de province et de cette époque", mais qui ne suscitera chez son lecteur qu'un "oh la la, quelle vie, les pauvres, ils sont heureux quand même puisqu'ils ne se rendent pas compte".

Bégaudeau, c'est comme ce qu'il pense de Baudelaire : "c'est pas si bien"!


Chez Verticales, 17 août 2023.
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