Maurice Thuilière : maître des écritures benoitiennes

Maurice Thuilière : le maître des écritures benoitiennes, par Stéphane Maltère (2019)


Avec une vingtaine d’ouvrages consacrés à l’auteur de Koenigsmark, véritables bibles du chercheur benoitien, Maurice Thuilière est le meilleur connaisseur et le plus érudit des Amis de Pierre Benoit. Cet infatigable voyageur né en 1940, vice-président d’honneur de l’association, a vécu mille vies : professeur de mathématiques, romancier, poète, journaliste, diplomate, guide-conférencier, etc., il compile, depuis 2003, le fruit de ses recherches littéraires dans de volumineux et passionnants ouvrages : PB, une vie-œuvre (2003), En (ana)lisant Pierre Benoit (2004), Opus Benedictum (2011), Le Maître des Écritures (2016). On lui doit également le précieux Dictionnaires, inventaires, itinéraires, commentaires, pour Pierre Benoit (2004).
En 2018, il a publié 794 pages de travaux sur Pierre Benoit, répartis en quatre volumes : Le Premier Voyage vers l’Orient de Pierre Benoit, L’Univers PB-ien, Un Océan d’in-éditions et L’Impossible Survie-œuvre d’un (im)mortel. Chacun de ses ouvrages s’appuie sur une documentation récente et une iconographie riche, glanées dans les archives des éditions Albin Michel, de la BNF, ou au hasard des salles des ventes virtuelles. En 2019, ce sont cinq livres dédiés à la vie ou à l’œuvre de Pierre Benoit qu’il fait paraître, deux étant consacrés à la correspondance amoureuse de Pierre Benoit avec les actrices Marie Dubas et Spinelly, un autre s’intéressant à l’historien Pierre Benoit.
Le Premier Voyage vers l’Orient de Pierre Benoit, après avoir relaté les origines de son tropisme pour le Levant, explore, chiffres, dates, citations, documents et images à l’appui, les séjours de Pierre Benoit à Angora, Beyrouth, Alexandrie, Le Caire, ses chroniques pour Le Journal, son activité littéraire, ses rencontres, sa correspondance entre 1923 et 1924.
L’Impossible Survie-œuvre d’un (im)mortel s’intéresse à une période plus obscure de la vie de Pierre Benoit, celle des années du vieillissement et de la mort, de 1940 à 1962. Maurice Thuilière rassemble et analyse les documents qui ont trait aux années noires, reconstitue la chronologie, assemble les faits, interroge la vacuité du dossier qui conduit Pierre Benoit en prison et analyse sa difficile réinsertion dans la vie après l’humiliation de Fresnes. Les années de relatif bonheur avec Marcelle, la reprise des grands voyages comme une tournée d’adieu et la fin pathétique de son épouse, dans une partie joliment intitulée « Attendre la mort en pleurant », terminent cet ouvrage mélancolique.

Un Océan d’in-éditions, comme son nom l’indique, compile des poèmes, des lettres, des articles de presse et s’achève par la transcription d’une pièce inédite de Pierre Benoit, Berbera, datée du milieu des années 1930 et dont n’existent – ou ne subsistent – que deux actes.
Dans L’Univers PB-ien, Maurice Thuilière consacre une première partie aux « adultescences » de Pierre Benoit, en retraçant les années de jeunesse de l’écrivain et sa transformation progressive en romancier adulte. Dans « La forge de l’écrivain », il raconte comment, à partir de L’Atlantide, se succèdent les écrits. Les chapitres de cette biographie discontinue donnent à lire les premières œuvres de l’auteur à la lumière d’une « fiancée » récemment redécouverte, l’actrice Renée Leflers, mais aussi des textes qu’on dirait ébauchés, en attente d’un développement à venir, s’achevant sur « Les années Berbera », article qui se termine en 1940.
On le voit, Maurice Thuilière, donne à lire « Tout Pierre Benoit », dans un foisonnement d’articles passionnés et captivants. Ce grand dévorateur d’archives reconstitue peu à peu le puzzle de l’existence et de l’œuvre de Pierre Benoit, un écrivain secret encore entouré de nombreux mystères. Il accomplit là, en forçat volontaire, un monument solide et généreux à la gloire de Pierre Benoit.