L'île des Thanatocrates et les autres mondes

Notes du capitaine Amsalem par JP Verstraeten

Sir Elbron et Rat-des-Rixes ont fondé l'île des Thanatocrates, quittant le continent qu'ils estimaient irrécupérable et se réfugiant avec une poignée d'individus sur un territoire en mer.
Chez les Thanatocrates, on vit sous le signe de la Mort, mais pas dans un esprit macabre : se souvenir de sa finitude permet à l'individu de conserver son humilité et en même temps de s'élever, de se raffiner le plus possible. C'est un mélange d'épicurisme et de stoïcisme : l'homme doit suivre sa pente en la remontant et apprivoiser la mort, se familiarisant avec son idée. Ce peuple sait qu'il s'éteindra en peu de générations (politique antinataliste) et que  la nature reprendra ses droits. Les Thanatocrates sont de passage. Ils passent leur vie à donner le meilleur d'eux-mêmes, fuyant le politiquement correct et la bien-pensance... Ils exercent leur esprit au sein des lectories, où ils doivent apprendre à distinguer les bons livres des mauvais. Ils ne tuent pas les animaux et vivent d'une manière proche de l'âge d'or décrit par Ovide dans ses Métamorphoses.
Se reproduire n'est pas totalement interdit, quoique fortement déconseillé. Cela ne fait pas partie des mœurs. Si un Thanatocrate veut vraiment enfanter, il doit obtenir un permis et il n'est jamais sûr que sa progéniture, soumise à des épreuves (celle du musée de la Grande Vache à lait, visible sur la couverture), survivra.
Les Thanatocrates est un manuscrit retrouvé par le capitaine Amsalem, après la catastrophe de 2136 : cet homme est chargé de recenser les îles qui se sont formées à la suite de cet événement, et il tombe sur un texte roulé dans une jarre, écrit clandestinement par un Thanatocrate (les habitants n'ont pas le droit d'écrire, tous les livres ont été faits, le meilleur est derrière soi et on ne peut pas polluer la planète par ses écrits, puisque l'âge d'or de la littérature a eu lieu jadis)

Ce récit éponyme est suivi de nouvelles qui sont le miroir négatif de l'idéal des habitants de l'île des Thanatocrates. Si des gens ont fui le continent, c'est parce qu'il était en pleine décadence et qu'ils rêvaient de construire un ailleurs vivable.




La cité d'Augustus II (qui constitue la partie Cœurs et noctules) raconte comment ce descendant de l'empereur romain Auguste veut rétablir la morale : il interdit l'amour, les sentiments qui transportent ; il réduit les êtres humains à s'appairer pour se reproduire (un homme et une femme) ; il détruit les mondes végétal et animal car ils sont vecteurs de maladies et d'allergies. Dans cette cité, des individus gardent espoir... Ils luttent à leur manière pour ne pas obéir à cet empereur...
Au-dessus de la cité d'Augustus II, on trouve un autre pays, plat (le plateau de la Déesse édentée), dont on ne sait pas grand chose sinon qu'il est aussi un espoir d'évasion. Protégé par la déesse édentée, il est peuplé de gens heureux, d'animaux tels que des sauterelles géantes. Il est un paradis à portée de vol. Quand les femmes de la cité d'Augustus II respirent des orchidées qui surgissent dans leur maison, où elles sont de bonnes femmes au foyer, elles sont prises tout à coup de désir pour leurs semblables, délaissent leur époux... et rêvent de partir.

Autour de la cité d'Augustus II, on trouve aussi l'île de l'Horloge ("Olam"), qui régit le temps qui passe dans un monde robotisé (Territoires robotiques) dirigé par un Général, sur la Vieille-Noire (étendue marine) ("Les poissons d'or", "Vierges des mers") faite d'îlots de plastique, qu'explorent encore quelques navigatrices courageuses.



Il y a aussi un autre monde, celui du Château de la Consolation, dirigé par Isabelle et Brunus ("ZérO", "Genius" et "Le Château de la consolation") On y accède grâce à un chat en draisienne, qui nous conduit dans un endroit merveilleux, peuplé de petites filles à la Henry Darger. Les esprits malheureux y trouvent une seconde vie.



D'autres mondes sont déclinés dans le recueil des Thanatocrates, comme celui de "La Coupole" (Terre des Coupoles) où l'on apprend à trouver sa place au sein du monde et dans sa famille en accomplissant un meurtre, ou encore celui des "Gratteurs de bulles", monde idéal et feutré anéanti par les compulsions de simples hommes. "À Dakhelilim", des femmes amies de ptérosaures tentent d'échapper à leurs bourreaux.



Non loin de là, des femmes, apparentées aux Amazones, vivent entre elles et font des incursions dans la cité d'Augustus II pour s'en prendre aux femmes au foyer ("Vie de femelle").



On trouve encore sur le continent le royaume d'Othilie (qu'on a vue dans Les Rhinolophes et Vie de Mancus.
Son royaume côtoie la Mer Saure, mer pleine de mastodontes et d'étranges créatures, parente de la Vieille-Noire (nouvelle "Queen Kong"). L'île de Mancus est un lieu d'exil.





Plus loin, l'île de Migdalor symbolise les confins du monde. Comme le château de la consolation, cette île est un lieu d'attente : paradis, enfer, purgatoire? Elle est très isolée. Les anges et le diable y jouent aux échecs.

D'autres cités (décrite dans Interlude sous forme de cartes postales) contiennent des femmes-scorpions ou d'autres créatures féminines étranges ("Ouréa", "Sheleg", "Scorpios"). Ce sont des mondes anciens, décrits par des Thanatocrates sous forme de contes-cartes postales.





Dans la partie Mauvais sort, on découvre des histoires qui se passent dans des mondes futurs, sur le continent, à l'époque d'Augustus II ou de son père, même s'ils ne sont pas nommés.