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"Mathilim sipour", L'histoire commence, Amos Oz Empty "Mathilim sipour", L'histoire commence, Amos Oz

Sam 12 Nov - 8:14
"Mathilim sipour", L'histoire commence, Amos Oz L-hist10



Dans le recueil de textes L'histoire commence, l'écrivain israélien Amos Oz, mort en 2018, analyse finement dix incipits de nouvelles et de romans.
Dans le préambule, il montre les difficultés qu'il a lui-même à écrire la première phrase. Entre la banalité et la recherche de la formule se trouve pris l'écrivain, qui n'est pas toujours conscient de ce qu'il place dans les premières lignes de son livre.

Par ses commentaires sur ces textes, Amos Oz (professeur à l'université de Beer-Sheva) éclaire les livres dont il parle et donne envie de les lire, tout en faisant découvrir des auteurs méconnus, comme Theodor Fontane qui a écrit Effi Briest, l'histoire d'une femme mariée à un vieil officier. Il montre comment, dès le début du roman qui ressemble à une image de carte postale, l'écrivain installe une "harmonie fragile". De la même manière, l'incipit de À la fleur de l'âge de Samuel Joseph Agnon place le personnage principal dans un contexte familial qui influera sur son futur mariage.
Amos Oz décortique aussi le début du Nez de Gogol, ce matin de l'étrange découverte de l'appendice au milieu des tranches de pain, ou encore l'étonnant (et effrayant) incipit d'Un médecin de campagne de Kafka : un médecin, que tous semblent persécuter au village, se voit appelé par une froide nuit d'hiver au chevet d'un malade. Mais, sans cheval (le sien est mort de froid), il ne peut accomplir sa mission. Apparaît alors comme par magie un personnage, double du diable, qui agresse sa servante et lui offre une monture. Le médecin refuse car il sent bien que cet homme profitera de son absence pour violer la servante...  mais se trouve subitement happé par la nuit. En commentant avec précision ces incipits, Amos Oz perce le secret des textes dont il a choisi de parler, comme Le Violon de Rotschild (Tchekhov), mettant en scène un personnage antipathique, fabricant de cercueils et antisémite.
Par l'analyse de ces textes (Elsa Morante, Garcia Marquez, etc.), il nous invite à être plus attentifs aux premières lignes.

Le livre s'achève sur une constatation pessimiste : notre époque nous pousse à lire en diagonal, à aller vite, alors que la lecture demande de la lenteur ("le plaisir de la lecture, tout comme n'importe quel autre divertissement d'ailleurs, doit se savourer lentement, à petites gorgées.") et que "le bon lecteur devrait toujours se tenir au-dedans et ne jamais rester à l'extérieur."

L'histoire commence est à (re)découvrir aux Arcades Gallimard.


CM










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